Et si votre menuisier était une femme ?
De plus en plus de jeunes femmes se lancent dans les métiers du secteur forêt-bois, et plusieurs d’entre-elles ont un haut niveau d’éducation. Elles ont, comme leur environnement le souhaite, commencé des études dans des matières comme le droit ou l’économie, mais deviennent conscientes que ce n’est par leur vocation et décident de se lancer dans des métiers du bois à travers une formation professionnelle.
Dans cette optique, et pour pouvoir se soutenir dans ce secteur traditionnellement masculin, deux associations professionnelles des entrepreneures féminins ont déjà vu le jour : « Artisan au féminin » présidé par Madame Hélène MAPOKO ENGOHE au Cameroun, et « Women in Wood » présidé par Madame Lidwine NDJOGAS au Gabon.
L’exposition régionale du CIRAD en collaboration avec les Instituts Français en Afrique centrale sur le thème « L’avenir des forêts est entre vos mains », lors de son passage au Cameroun a organisé un atelier les 26 et 31 mars 2021 à Douala sur le thème « Quelles possibilités pour les femmes dans la filière forêt-bois ? ».
Deux capsules vidéo, chacune d’environ 3 minutes, ont été produites pour partager les temps forts de cet atelier et fixer dans les mémoires individuelles et collectives les réalités et les opportunités du secteur forestier pour les femmes et pour les jeunes:
- Les discussions en panel sur les possibilités de carrière pour les femmes dans la filière forêt-bois ;
- Les démonstrations de leurs métiers et leurs produits par des femmes aux jeunes écoliers.
A travers le projet d’Appui au développement de la formation continue dans la filière forêt-bois en Afrique centrale (ADEFAC), le RIFFEAC et l’ATIBT souhaitent encourager ces initiatives et faciliter l’accès des femmes à la formation professionnelle continue. C’est dans ce cadre qu’un audit genre a été effectué auprès des Institutions membres (IMs) du RIFFEAC, et qu’une Stratégie genre avec un plan d’action pour les prochaines années a été élaborée par le consultant et expert genre Monsieur Thaddée YOSSA.
Les résultats de l’audit genre du RIFFEAC et de ses IMs en termes d’effectifs des femmes et des obstacles rencontrés nous dévoilent ce qui suit :
Proportions des hommes et des femmes dans les IMs du RIFFEAC
Le profil moyen du genre dans les IMs en 2019 et 2020 montre que les hommes sont majoritaires tant pour le personnel que pour les apprenants :
Cible | Homme | Femme | |
Moyenne | Personnel | 83% | 17% |
Apprenants | 63% | 37% |
On note cependant que les femmes ne représentent que 11% des enseignants permanents et représentent en 2020, 32% du personnel d’appui, 24% des agents de maîtrise et 30% des cadres.
Ce taux de représentation du personnel féminin est supérieur à 20% dans certaines IMs à l’instar de : ENEF Gabon, ENEF Mbalmayo 28%, et IPRC Kitabi du Rwanda.
Principales contraintes/obstacles des femmes pour l’accès aux postes à responsabilité
- La faiblesse des compétences des femmes ;
- La domination des femmes par les hommes ;
- Les contraintes familiales (équilibre vie professionnelle/vie familiale) ;
- Les contraintes socio-économiques.
L’environnement de travail n’est pas genre sensible : 100% des répondants affirment que les espaces nurserie sont inexistants, 84% soulignent l’absence de couloir séparé entre les toilettes hommes et femmes et 58% disent que les toilettes séparées sont inexistantes. Nous avons cependant un accès à l’eau courante selon 68% des répondants.
Le plafond de verre est selon les perceptions des femmes une conséquence des faibles compétences des femmes, des contraintes socio-économiques qu’elles rencontrent, et des perceptions rétrogrades.
La problématique genre du RIFFEAC et de ses IMs se décline en 8 points :
- Faible représentativité des femmes dans les effectifs du personnel des IMs
- Difficulté d’accès des femmes aux postes de responsabilité
- Difficile accès des femmes aux filières d’enseignement du secteur /de la filière forêt-bois
- Perceptions d’une faiblesse des compétences des femmes alliée à une faible valorisation des compétences possédées par elles
- Environnement de travail non adapté aux femmes et non-sécure pour femmes (absence de facilités et infrastructures comme toilettes séparées, absence de responsable genre, non prise en considération réelle des plaintes des femmes sur d’éventuelles agressions)
- Contraintes familiales et socio-économiques handicapant la participation et les performances des femmes
- Insuffisante conscience des inégalités de genre et faible promotion du genre au sein des IMs du RIFFEAC
- Absence d’une vision des dirigeants des IMs relativement à la valeur ajoutée de l’approche genre transformationnelle au service des performances institutionnelles.
Limite des résultats : disponibilité des données des IMs
La situation du genre dans les IMs du RIFFEAC ainsi dévoilée ne permet cependant pas de cerner tous les contextes des institutions membres du RIFFEAC, car les données collectées son incomplètes et pas nécessairement actualisées. Certaines IMs n’ont en effet pas pu fournir les statistiques désagrégées selon le genre des apprenants pour les années 2019-2020. Chaque IM devra produire les statistiques désagrégées selon le genre de leur personnel et des apprenants.